Twilight Town nous revoila. Ses rues animées, son coucher de soleil de renommée mondiale, les gamins qui courent dans tous les sens, le tram qui roule presque sans bruit. Mais toujours le vide à mes cotés.
Appuyé sur la rambarde du balcon de la chambre que je louais -sur la place centrale contre quelques pièces que je gagnais par-ci par là entre les missions et les services rendus- je regardais cet essaim de gens vivre sans se soucier d'hier ou penser à demain. Trois que je vivais ici, et la ville semblait figée dans cette impression de "bien-être" constant, avec cette luminosité qui lui avait sans doute donnée son nom.

J'observais les gens, en me disant que je ne connaissais le nom de personne, et pourtant j'y vivais depuis trois ans. Est-ce que les gens me connaissait moi? est-ce qu'il se souvenait de moi, de mon arrivée ici...non. Je pense que comme moi, ils m'avaient oublié. Beaucoup n'était ici que de passage, il n'y a que moi qui revenais a chaque fois je crois. Je pensais comme ça, même si j'avais surement tort.

J'avais vu la ville se modifier peu à peu, et surtout ce grand restaurant faire parler de lui. Mais j'ignorais ce qu'étais un restaurant. Il n'y en avait pas dans mon village, et de toute manière mes parents auraient sans doute refuser que Set y aille, car il se serait "encore fait remarquer", donc je n'aurais pas voulu y aller non plus. Ce genre de chose ne me manquait absolument pas. Mais là tout de suite, j'avais envie d'essayer quelque chose de nouveau, que je n'avais jamais fait avant, quitte a me faire mettre dehors...

Mais cette queue...cette attente, elle m'agaçait avant même que je descende sur la place. Je poussais un soupir, et repris mon observation de la ville. C'est là que je le vis. Ce petit restaurant qui ne payais pas de mine, qui avait fait parler de lui jusqu'à l'arrivée du nouveau. C'était étrange comme les commerce souffrait comme les êtres vivants: quand on se lasse on nous oubli, on se noie et on disparait.

Je posais mon bâton de mage, dans un coin de ma petite chambres, entre deux piles de livres, et mon long manteau blanc sur une chaise, un peu en vrac. Personne ne me crirait dessus parce que je ne l'avais pas rangé...mais malgré moi je fis machine arrière pour le plier correctement, et le poser sur le lit, avant de fermé la porte, et de descendre sur la place.

J'avais noué mes cheveux avec un ruban noir, pour ne pas avoir trop chaud, et cette coiffure dégageait mon visage, et mes boucles en forme de fleurs qui couvrait presque la totalité de mon oreille.
c'est d'un pas tranquille que je me dirigeait vers ce restaurant délaissé par la population de la ville et que j'en poussais la porte.

Une petite clochette indiqua mon arrivée. Mais aller savoir à qui....je ne me posais pas de question, je ne savais pas comment ça marchais les restaurant moi. Je ne savais même pas ce que j'étais sensé demandé, ni comment le demander.

"Euh, Bonjour?!"

Je regardais autour de moi. La déco, l'agencement des tables. Les peu de gens encore ici, qui mangeaient en discutant a voix basse.

Je fini par m'adosser au comptoir, ou la table de reservation j'en savais trop rien moi. Et je reflechissais sur ce que j'étais sensé faire, tout en poussant un soupir et en croisant les bras. J'avais l'air bien moi. Puis finalement, j'allais m'installer a une table, sans y avoir été invité, pour voir ce qui allait se passer ensuite.

Le bruit de la clochette retentit jusque dans la cuisine. Puisque Robert ainsi que son autre cuistot étaient occupés par une commande, ils envoyèrent le troisième employé présent accueillir le client, soit le plus jeune de la bande. Ce dernier était d’un naturel nerveux et un peu timide, alors il prit le temps de s’épousseter comme il faut avant de sortir de la cuisine. Il s’arrêta aussitôt, confus. Où était le client ? Était-il entré pour ressortir tout de suite après ? Le jeunot allait faire demi-tour, mais il remarqua une nouvelle tête assise à une table qui était pourtant vide quelques minutes auparavant. Est-ce qu’il… s’était permis de s’asseoir là ? Comme ça ? Encore plus confus, l’employé retourna finalement dans les cuisines et bredouilla à son patron :

- Ch-Chef, euh, le client s’est installé tout seul, je fais quoi ?
- Eh bien mon garçon, tu lui apportes le menu comme pour tout le monde.
- Euh …

Puisque le pauvre petit chou semblait intimidé par ce comportement insolite, Goodmeal décida de s’en occuper lui-même. Il demanda au gamin de prendre sa place derrière les fourneaux tandis qu’il empoigna la carte du restaurant et traversa les portes battantes. Le nouvel arrivant ne fut pas difficile à trouver et il alla se placer à côté de lui. Il avait plus l’air du gardien de sécurité qui allait le jeter dehors que du proprio qui allait l’accueillir … Quoiqu’un gardien avec un tablier rose, on ne voit pas ça souvent.

- Bienvenue au restaurant Good Meals, le salua-t-il de son ton neutre tout en lui tendant le menu. Voici la carte de la maison.

Oui, le client s’était installé sans attendre qui que ce soit. Et alors ? Bob n’allait pas le kicker dehors pour si peu, surtout quand son business battait de l’aile … Si cela se trouve, ce pauvre jeune homme avait juste mal aux jambes et voulait s’asseoir le plus rapidement possible. Qu’est-ce qu’on s’en fout de ses raisons !

Le colosse espérait surtout que le dîneur se sente à l’aise. La décoration de l’endroit rejoignait ce point de vue : tout était chaleureux. Même les quelques autres tables occupées renvoyaient le même message puisque les gens discutaient joyeusement sans être trop bruyants. C’était convivial. Vous ne trouverez jamais ce genre d’ambiance ailleurs, je vous le garantis ! Surtout pas chez un certain canard !

Robert zieuta vite fait la table pour s’assurer que les couverts et les condiments s’y trouvaient déjà. C’était le cas, heureusement. Puis, son regard remonta sur le client, bien que celui-ci ne pouvait sûrement pas le remarquer à cause des lunettes de soleil (bah oui, il les porte même à l’intérieur). Avait-il déjà croisé ce jeune homme quelque part ? Hmm … Ses cheveux blancs lui disaient quelque chose en tout cas. Ce n’était pas une couleur commune à Twilight Town. Hmmmmm … Goodmeal était certain de l’avoir déjà vu se promener dans les rues, mais à part cela … Rien. Il connaissait beaucoup de gens pourtant !

- Je crois vous avoir déjà vu dans le coin, mais je n’ai aucun nom à mettre sur votre visage, fit-il finalement. Je suis Robert Goodmeal, en passant.

Bah quoi ? Inutile de tourner autour du pot. Puis, connaître le nom d’un potentiel futur habitué était toujours une bonne chose. Le cuisinier préférait appeler les gens par leur nom ou prénom de toute façon; c’était plus amical.

J'étais perdu dans ma contemplation de la salle, dans mes pensée et dans mon incomprehension totale de pourquoi les gens sortaient pour aller s'enfermer entre quatre murs pour manger un truc préparer par quelqu'un d'autre. Je ne comprenais pas tout, je le comprendrais peut-être un jour, mais pour l'heure ça ne faisait pas parti de mon quotidien.

Mais puisque j'avais décidé de prendre ma vie en main, et d'essayer d'apprendre a connaitre le monde tel qu'il était en vrai et non pas comme il était présenté dans les livres, me voilà assi àla table d'un petit restaurant ayant connu des jours meilleurs et une clientèle plus bruyante autrefois. Mais le coté peu bruyant me convenait parfaitement, il y avait plus de place pour moi et mes sombres pensées, et je pouvais refléchir à ma parodie de vie depuis trois ans tranquille ici!

Je sursautais, lorsque un homme plus agé que moi vint me porté une carte. Je le regardais, et me demandais si tous les serveurs étaient comme lui, parce que lui était un peu flippant. Mais j'avais appris a ne pas juger les gens sur ce que je pouvais voir, puisque j'avais toujours eu horreur de ce genre de comportement chez les autres. Je l'observais un instant avant de prendre la carte, et de la poser a plat devant moi.

"Euh...merci Monsieur..."

Je devais avoir l'air tellement ridicule. Mais je nesavais pas vraiment quoi en faire, ni par où commencé. Puis décidant que c'était sans doute comme un livre de quatres pages à peine, et bien je l'ouvrit à la première et observais ce que j'avais sous le nez. Des boissons. Je regardais les noms, le prix, mais je ne comprenais pas grand chose. Est-ce que je devais prendre un trucs dans chaque catégorie? Oh ciel, si IL avait été là, il se serait encore une fois payé ma tête sans aucun doute!

Il me posa une question, qui me sorti de ma concentration, et je posais mon regard sur lui. Il m'avait déjà vu dans le coin? Sans aucun doute vu que je passais le plus clair de mon temps ici, a tourner en rond en attendant d'avoir le courage de sortir et d'aller le chercher. Il m'avait fallu près de trois pour accepter ma première mission et oser quitter cet endroit. Alors oui il avait du me voir me souvent, mais ni dans son restaurant, ni dans celui d'à coté, ça c'était certain.

"Je vis depuis un peu plus de trois ans, en effet, juste en face au dessus la bijouterie"

Est-ce que je pouvais être sincère avec lui? Est-ce que je devais l'être? Et concernant la loin du secret des autres mondes? qu'en était-il de cet homme qui avait du grandir ici? Est-ce qu'il connaissait l'existence d'ailleurs ou pas? Dans le doute mieux valait ne rien dire qui puisse éveiller les soupçons.

"Enchanté Monsieur Goodmeal"

Si j'avais fait le lien entre le nom du restaurant et le sien? Absolument pas, je n'étais pas assez concentré pour ça. Se faire accueillir par le patron en personne, c'était super, mais moi, je ne prenais pas mesure de la chance que je pouvais avoir.

"Je m'appelle Keith"

Puis je regardais de nouveau la carte, avant de pousser un soupir.

"Si je vous dis que je viens dans un restaurant pour la première fois de ma vie....vous vous moquez de moi ou vous m'aider a comprendre ce que je suis sensé faire avec cette carte?" dis-je d'une toute petite voix.

- Keith au-dessus de la bijouterie, répéta-t-il solennellement en hochant la tête. Je vois. Enchanté Keith.

Alors il ne l’avait pas rêvé : il avait vraiment croisé ce jeune homme avant. C’était quand même bizarre … Robert connaissait tous ses voisins sauf celui-ci. Et cela faisait trois ans en plus qu’il habitait dans le coin ? C’était peut-être un grand timide. Cela arrivait que des personnes n’aiment pas converser avec les autres … Enfin, Bob ne s’attarda pas plus de cinq secondes sur ces pensées. Ils se rencontraient aujourd’hui, c’était tout ce qui importait.

Lorsque Monsieur Keith annonça que c’était la première fois qu’il mangeait dans un restaurant et qu’il ne savait pas quoi faire, le propriétaire garda un sérieux exemplaire. Il reprit délicatement le menu, son air naturellement effrayant toujours sur sa tronche. Va falloir que quelqu’un lui en parle un jour, mais bon …

- Pourquoi je me moquerais ? répondit-il enfin. C’est toujours un plaisir d’aider mes concitoyens. Vous verrez, c’est très simple. Il suffit de dire ce que vous voulez manger au serveur et il passera la commande aux cuisiniers. Après, on vous apporte vos plats.

Le colosse ouvrit à la première page et la montra à Keith. C’était celle qu’il regardait tout à l’heure, c’est-à-dire celle avec les boissons.

- Vous pouvez commander l’apéritif de votre choix pour commencer. Ce sont les breuvages alcoolisés qui sont sur la carte. Si vous préférez, il y a l’eau et le jus qui sont gratuits.

Il tourna la page pour présenter le verso de celle d’avant. Avec la patience d’un moine tibétain, Bob expliqua au néophyte le fonctionnement des entrées. Par exemple, s’il prenait la salade, il pouvait ensuite choisir ce qui avait dedans. Pareil pour les plats principaux et les desserts : s’il prenait une viande, quelle cuisson ? Et s’il prenait une crème glacée, quelle saveur, quel coulis ? Il y avait beaucoup de sous-choix pour les choix et cela pouvait certainement intimider les nouveaux, or une fois que l’on comprend le fonctionnement, tout devient plus simple. Puis, il y avait de belles images ! Les gens préféraient souvent regarder les images que lire le texte … Enfin, Robert redéposa la carte devant Keith.

- Vous n’êtes pas obligé de commander un plat pour chaque catégorie. Vous pouvez très bien juste manger un plat principal, ou deux desserts, ou boire juste de l’alcool …

Ouais bon, ce n’était pas un bar ici, mais on s’en fout tant que le client paye ! Le cuisinier sourit au jeune homme. C’est-à-dire que les traits de son visage se déformèrent en une grimace. Quoi ? Il essayait.

- Avez-vous d’autres questions ? Sinon, je peux tout de suite chercher la boisson de votre choix pendant que vous regardez le menu. Prenez votre temps surtout, rien ne presse.

Twilight Town avait cette atmosphère de lenteur constante après tout. Ce restaurant ne faisait pas exception. Nous ne sommes pas dans un fast-food ! Ici, vous pouvez manger sans pression. Vous ne trouverez pas cela ailleurs, surtout pas au nouveau bistro ! Manger dehors à côté d’une telle file d’attente … Cela ne devait pas être très plaisant.

Avais-je dit quelque chose de bizarre qu'il s'était obligé de repeter tout haut l'endroit où je vivais depuis un peu peu moins de trois ans maintenant? Cela me donna a reflechir, après tout j'avais donné l'endroit où se trouvais ma tanière à un parfait inconnu, donc je ne savais rien sinon qu'il travaillait ici. Qui me disait qu'il n'était pas un ennemi, ou un être étrange qui enquetait sur les gens un peu louche comme moi. Et si j'avais fait la plus grosse bêtise de ma vie en venant ici, et si à cause de ça je ne parvenais pas à LE retrouver....

Mais non il semble juste "enchanté" de me rencontré, tout comme je l'étais quelques minutes auparavant. Il faut dire que j'étais un peu le vilain petit canard de cet endroit. tout le monde était souriant, agréable, chaleureux...mais moi j'avais toujours le nez fourré dans un livre, je sortais rarement, sinon pour aller visiter d'autres endroits qui n'étaient pas Twilight Town pour essayer de LE retrouver.  En vain pour le moment. Et mon dieu, comme j'aurais voulu qu'il soit ici avec moi pour profiter de l'endroit dans un moment de tranquilité que je suis sur lui aussi avait bien merité. Même s'il détestait le calme, la chaleur humaine et les espaces fermés.

Donc je devais juste faire un choix. Juste...ça...

Je me mis à rire le plus silencieusement de monde. Faire un choix, c'était le plus difficile pour moi. J'étais toujours indécis, c'est Set' qui finissait par choisir pour moi parce qu'il en avait marre d'attendre. Trois années ne suffisaient pas à me faire changer completement. 

"Oh mon dieu non, pas....d'alcool pour moi...non" 

En vérité je n'en avais jamais bu....et si j'avais envie d'essayer? Juste une fois...Mais ici? Devant cet homme que je connaissais même pas? Qui pouvait me dire quelle allait être ma r"action une fois que j'aurais bu? 

"Vous avez du jus de grenade?" lui demandais-je soudainement

Il faut dire qu'il n'y avait que dans les endroits vraiment chaud qu'on buvais ce genre de chose généralement, car cela appaisait la soifet hydratait de manière assez correcte. Je n'avais pas besoin de ça ici, mais j'en avais soudainement envie....

Je tournais la page du menu, pour commencer à regarder un peu tout ce qu'il pouvait bien me proposer. Maintenant que je savais un peu quoi regarder, et comment le regarder, je me sentais un peu moins perdu. Des fois il y a du bon à oser dire les choses. Si mes parents avaient été là, des que l'homme aurait eu le dos tournée, j'aurais prit la gifle la plus silencieuse du monde, qui se resumait a une regard glacial, pour avoir osé avouer que je ne "savais pas" faire quelque chose. 


"Des questions....non...enfin je ne crois pas...pour le moment je pense avoir...."

Je ne continuais pas ma phrase, mais dans ma tête elle était complète. Je faisais ça souvent, une vieille habitude d'avoir un autre moceau de moi pour comprendre les fins de phrases que je ne disait pas forcement tout haut. Cette sale habitude là, je ne l'avais jamais perdu. Et je n'avais pas non plus trouvé quelqu'un qui soit capable de comprendre ce genre de petite habitude. Mais j'espérais du fond de mon petit coeur meurtris, que Set' de son coté avait réussi a trouver quelqu'un pour l'accompagner, même un tout petit bout de chemin, pour pas qu'il sombre trop loin, et que je puisse le ramener alors qu'il était encore temps. 

"Vous me rappeler un peu mon frère....vous souriez comme lui" dis-je en souriant a mon tour. 

J'avais parler tout haut, sans vraiment en avoir conscience. Et je me concentrais a nouveau sur la carte. Je ne mangerais pas de viande, je n'en avais pas envie. Mais je serais bien tenter par cette grande salade là....même si je connaissais pas tous ce qu'il pouvait mettre à l'intérieur.