Drôles de détournement de situation.

Tifa, celle contre qui je m’étais battue quelques semaines auparavant, vivait à Radiant Garden. Je l’ai rencontrée par hasard alors que je mettais les pieds au RGPC, et, une chose menant à l’autre, je lui ai demandé si elle voulait reprendre notre combat. Elle a accepté avec un enthousiasme dont je ne pouvais que me réjouir. Nous avions beaucoup à nous dire, mais, surtout, beaucoup à faire, avec nos corps, surtout.

Pas de cette manière-là, cependant.

Je suis fidèle, moi.

Bref. Tifa m’a donc donné rendez-vous dans un endroit plus éloigné de Radiant Garden, un peu plus loin de la ville en tant que telle. C’est un canyon donnant sur le château détruit, une scène aussi jolie que troublante. C’est ce que je me dis alors que mes pieds foulent la terre du canyon. Tifa est là, assise, les pieds pendouillant, le regard perdu dans le vide. Elle se retourne. J’imagine qu’elle m’a entendue. Elle me fait un signe de la main alors qu’elle se relève, auquel je réponds.

En effet, je doute aussi qu’on se fasse déranger en ce lieu. J’acquiesce. Simple mouvement de tête.

▬ Merci encore d’avoir accepté. Je commence à être rouillée, et ça ne fait pas mon affaire.

Je m’approche d’elle. Elle a l’air confiante, mais un peu inconfortable. Ça se voit dans la manière avec laquelle elle se tient. J’imagine qu’elle croit qu’on va commencer là, direct, sans rien se dire ? Ça serait un peu drôle, je dois l’avouer ; mais considérant notre première rencontre enflammée, je n’aurais pas de mal à croire qu’elle aurait cette idée en tête. Je me racle la gorge.

▬  … Je faisais ça avec ma copine, avant. Depuis son départ…

Mais je secoue la tête. Ce n’est pas le temps de me remettre à me morfondre. Je suis en bonne compagnie, autant en profiter. Je saute un peu sur place, secouant mes mains et mes poignets.

▬ Je n’ai pas pu extérioriser beaucoup.

Tout en disant ces derniers mots, je m’étire à nouveau les bras. Autant être prête : je sais que Tifa sait bien se défendre, et, même si elle n’est pas aussi agile que Basmath, j’ai l’impression que, tout comme elle, elle ne me laissera pas souffler une seule seconde.

Et franchement, ça me plait.

Dernier petit coup, j’étire mon cou, une, deux rotations, puis lui offre un sourire.

▬ Quand tu es prête.

Sa Bolga ? Ahlàlà, c’est si adorable. Une belle teinte de rouge est venue empourprer ses joues. Elle est si mignonne, si en amour. Ça me rappelle Basmath et moi et je ne peux m’empêcher de laisser s’échapper un petit rire attendri.

▬ Ce n’est jamais méchamment, non plus. Basmath et moi, nous nous entrainons ensemble depuis toutes petites, alors…

J’hausse les épaules, un sourire voletant sur mes lèvres.

▬ Nos corps n’ont plus trop de secrets l’un pour l’autre. Et d’avoir une partenaire de combat qui te connait aussi bien, et en qui tu as une confiance aveugle, c’est…

Courte et rapide expiration, le sourire s’étire sur mes lèvres alors que je regarde le sol un moment, les pupilles vers le coin droit de mon œil.

▬ C’est exaltant.

Je relève le regard vers Tifa. Je ne connais pas sa relation avec « sa » Bolga, mais je me souviens avoir entendu son nom dans les dernières semaines, surtout dans les derniers jours. Elle était tombée dans un combat épique, mais s’en était sorti indemne. Une véritable machine de guerre — ou de paix, peu importe comment on veut le voir. Je ne doutais point qu’elle aussi serait une adversaire redoutable, et d’imaginer Tifa avec elle me fait sourire.

▬ Et, tu sais, ce n’est pas bien différent du sexe.

Je m’y aventure ? Absolument que je m’y aventure. Mon air devient plus malicieux, je sais pertinemment que j’ai une étincelle dans mes yeux alors que je continue :

▬ Beaucoup de gémissements, de corps qui s’entrelacent, de sueur…

J’hausse les épaules à nouveau, guettant sa réaction, qui, je sais, sera tout simplement délectable.

Je dois me retenir, vraiment. Me retenir de rire, de continuer, alors que le visage de Tifa devient aussi rouge que mes cheveux. Je me retiens de rire, certes, mais je garde ce sourire malicieux sur mes lèvres, l’éclat de malice jouant en étincelles dans mes yeux. Je l’ai prise au dépourvu.

Parfait.

Après, ce n’est pas pour la déconcentrer lors du combat – seulement pour avoir un peu de plaisir avant coup. Je sais bien qu’une fois que l’esprit est concentré sur les coups, sur les mouvements, ce genre de pensées frivoles s’évaporent pour laisser que la mémoire, les muscles, les réflexes.

Tifa se frotte le visage, avant de se ressaisir à l’aide de petites tapes sur ses joues. Elle s’est ensuite positionnée, me demandant d’oublier tout ça et de commencer le combat.

Cette fois, je ne peux m’empêcher de laisser un nouveau rire amusé s’échapper. Il est court, sort de mes lèvres au moment où j’étire une dernière fois mon cou avant de me positionner, moi aussi.

Oh, mais non, elle n’ose même plus me regarder directement. Allez, autant qu’on commence, avant qu’elle ne puisse plus rien faire et qu’elle reste paralysée par sa gêne!

▬ Comme tu veux. Quand tu es prête.

Tifa ne se laisse pas prier. Elle court directement vers moi et le combat commence alors. Je n’ai plus le temps de penser à des répliques ou des blagues, trop concentrée à bloquer ses coups et essayer de trouver une ouverture.

C’est totalement exaltant. Dès les premières secondes, je me sens revivre, je sens mes pensées se vider de mon esprit, mes anxiétés se pousser au dernier plan.

Mais je suis rouillée, je le sens. Plusieurs de mes coups ratent leur cible et se font habilement bloquer par la brunette, qui réplique de coups habiles qui me laissent un moment déstabilisée. Je dois me concentrer, sinon le combat finira trop rapidement. Alors je porte mon attention sur ses mouvements, et réussit à éviter quelques-uns de ses coups. Je crois voir une ouverture et je frappe, mais, bien que j’aie réussi, elle évite les autres coups.

Et je sens la frustration monter.

Non.

Je veux être juste. Je n’utiliserai pas mes flammes. Je me ressaisis, me concentrant à nouveau sur ses mouvements, et j’arrive à contrer quelques coups, non sans m’en prendre dans la figure.

Puis, je vois une ouverture.

Je n’hésite pas. Je frappe.

Mais j’ai déjà donné beaucoup d’énergie, et j’ai arrêté de me concentrer sur elle.

Elle me jette à terre et j’y tombe, lamentablement.

En riant.

Aux éclats.

Ça faisait tant de bien.

Je secoue ma tête, essuyant la poussière contre ma joue, jetant un regard sur ma partenaire de combat.

▬ C’était amusant.