Encore un monde qui la forçait à porter un espèce de corset trop serré pour sa grosse…. Son grand cœur. C’était à peine si elle était capable de respirer, mais bon, il fallait qu’elle s’y fasse. Une autre mission de reconnaissance pour le RGPC, dans un autre monde. Cette fois, elle ne fut pas transportée en plein milieu d’une forêt, mais proche d’un village. Un village qui semblait beaucoup moins avancé que ce que Tifa était habituée. Il faudrait qu’elle fasse attention aux termes qu’elle utilise.

Encore une fois, sa mission était simplement de s’assurer qu’il n’y avait aucun danger pour les habitants de ce monde. Qu’il n’y avait pas d’infestation de Heartless, proche. En même temps, Tifa pouvait voyager, regarder les nouveaux mondes qu’elle visitait et apprécier les paysages.

Alors une fois dans le village qui était, très accueillant, Tifa s’assit sur le bord d’une fontaine pendant quelques minutes. Les habitants lui faisait des coucous de la main, lui disait bonjour, ils étaient tous très gentils. Il y avait, au loin, un grand château. Hm.

Puis, son regard tomba sur quelque chose qui lui rappela son propre monde : Une taverne. Huh, peut-être que ce serait une idée d’aller là. Voir ce qui était différent de son propre bar qui, probablement plus moderne, mais sait on jamais. Peut-être qu’il y avait des choses à y apprendre ? Tifa n’était barmaid que depuis deux ans, après tout, elle en avait encore beaucoup à apprendre sur cet business.

Alors la jeune femme se leva et se mit à marcher lentement vers la taverne. Ah tiens, c’est quoi ça ? Une…Statue ? D’un homme ? Plus elle approchait, plus elle commençait à voir les détails. Il semblait très… Fier de lui-même. Est-ce que c’était la mascotte de la taverne ? Tifa s’arrêta, quelques secondes, devant la statue, pour regarder ce visage, les sourcils froncés. Ce monde avait d’étranges coutumes.

La belle brune ouvrit la porte, attirant quelques regards des occupants de la taverne vers elle. Elle était une inconnue, alors bon, il fallait s’y en attendre. Silencieusement, elle se dirigea au comptoir qui était vide. Ça faisait étrange d’être de l’autre coté du bar, honnêtement. Quand elle y pensait, elle n’était jamais entrée dans un bar (ou une taverne) en tant que cliente… Seulement en tant que patronne. Huh.

Et elle regarda aux alentours, les murs, les décorations, les boissons, ne sachant pas dans quelle merde elle venait juste de mettre les pieds.

Bon, déjà, il y avait trois filles dans un coin de la taverne qui n’arrêtaient pas de parler d’elle. Tifa les entendait, ne les regardant pas. Ça ne servait à rien de leur donner de l’attention. Reste, qu’elle fronçait les sourcils. Est-ce que c’était comme ça qu’ils traitaient les nouveaux venus, dans cette taverne ? Le village avait l’air si accueillant, c’était… Presque paradoxal.

La belle brune entendit des pas venir vers elle et elle tourna la tête pour voir une des trois jumelles. Celle en vert. Elle semblait travailler ici. Et avec le ton qu’elle lui avait parlé, clairement, elle n’aimait pas que Tifa soit là.

Son regard était, par contre, fixé sur l’homme qui approchait derrière elle. Il était imposant, très musclé et… Ah, il semblait être en charge, ici. Tifa resta silencieuse en regardant sa révérence. Bon, déjà, il semblait avoir plus de savoir-vivre que les trois autres femmes, dans le coin.

Gaston. Comme elle l’avait pensée, c’était lui le patron. Il s’excusait aussi du comportement des jeunes femmes, alors bon. Peut-être n’étaient-elles pas habituées de voir d’autres filles dans une taverne ? Tifa ne pouvait pas trop leur en vouloir, si elles pensaient qu’elle venait voler leur… Attention ? La brune ignorait de quelle sorte de jalousie ces blondes jumelles souffraient Oh, il lui demandait ce qu’elle voulait. Ça aurait été une bonne idée d’y penser avant de rentrer ici, mais la jeune femme ignorait quelles sortes d’alcools ils avaient dans ce monde.

« Ce… C’est pas grave… J’avouerais que j’ignore ce que vous servez, ici, je viens d’un village lointain, alors…. Qu’est-ce que vous me proposez ? »

Ah! C’était lui ! La statue à l’entrée !... Attendez, le patron avait une statue de lui-même à l’entrée de sa taverne ? C’est pas un peu… égocentrique, ça ? Étant elle-même très modeste, Tifa ne comprenait pas du tout d’ou cette envie venait. Son regard brun-rouge regardait un peu partout. C’était très différent de son bar/restaurant beaucoup plus moderne, mais elle ne pouvait pas dire qu’elle n’aimait pas ça. Et ça sentait bon. Elle pouvait sentir sa bouche saliver.

Tifa posa une main sur son ventre qui se mit à gargouiller. Elle ne savait même pas si elle serait capable de manger, avec un tel corset lui serrant la taille.

« Et aussi… Un morceau de peu importe ce qui cuit, s’il vous plait. »

Tifa sursauta lorsque Gaston cria la commande de la jeune femme à tue-tête. Ses yeux s’agrandirent d’un coup, fronçant les sourcils. Si elle criait comme ça à son cuisinier, elle s’en voudrait tellement, mais bon, peut-être que c’était comme ça qu’ils fonctionnaient dans ce monde-ci ? Pourtant, Tifa ne pouvait s’empêcher de penser aux autres habitants de la ville qui semblait si… Paradoxalement différents de Gaston.

La belle brune écouta le patron de la taverne lui présenter les alcools à boire. De la bière, du vin, du whiskey et…

Attendez, est-ce qu’il…. Est-ce qu’il venait vraiment de dire ça? Qu’est-ce qu’il voulait dire par ‘’un peu plus léger, pour vous’’ ? Est-ce qu’il était en train d’assumer qu’elle avait l’air faible ou qu’elle n’était pas capable de prendre un verre de fort ? La jeune femme haussa les sourcils de surprise sous cette remarque, mais n’en dit rien de plus. Elle s’éclaircit la gorge, le défiant du regard.

« Alors je prendrai un grand verre de ce que vous avez de plus fort. »

Elle allait lui montrer que ce n’était pas parce qu’elle était une femme qu’elle n’était pas capable de prendre de l’alcool fort. Et elle saurait s’il essayait de la jouer. Elle s’y connaissait en alcool, ayant travaillé dans ce domaine pendant deux ans.

Tifa commençait à tisser certains liens dans sa tête. La statue à l’entrée, la peinture sur le mur, comment il agissait ici. Lentement, mais surement, la jeune femme commençait à comprendre ce que cet homme était vraiment. Oh, mais elle ne pouvait pas savoir à quel point ça allait beaucoup plus loin qu’elle ne le pensait. Elle n’avait aucune idée…Elle en avait vu des hommes comme lui, dans son bar, mais étant la boss, ils se la fermaient en sa présence. Ici, c’était différent, mais la belle brune n’était pas pour se laisser faire.

« Quelque chose que seul un homme FORT comme vous serait capable de prendre. »

Comment est-ce qu’il allait réagir à ce ‘’défi’’, autant par son regard perçant que son petit sourire en coin et que le simple fait qu’elle lui ait demandé un truc que seul lui pourrait prendre. Tifa avait bien conscience du genre d’homme qu’il était. Bien qu’elle avait, en toute honnêteté, été un peu lente sur la détente, elle n’était pas stupide.

À sa grande surprise, il sembla complètement heureux et ravis, frappant le comptoir et criant à pleins poumons. Les tympans de la brune la firent souffrir l’histoire d’un instant, puis, deux pintes de bières furent rapidement glissées en leur direction. Elle le regarda engloutir la sienne rapidement, sans même y gouter. C’était vraiment ce qu’il aimait faire ? C’était un gâchis, qu’elle se disait. Bolga en serait insultée. Ou bien elle lui aurait peut-être sauté à la gorge ? Qui sait. Elle ne la connaissait pas depuis très longtemps, mais bon….

Alors qu’elle allait faire la même chose que lui, il lui demanda si le voyage jusqu’ici avait été dangereux. Ah, oui, c’est vrai, elle ne venait pas du coin. Tant qu’il ne lui demandait pas exactement d’ou elle venait…

« Non, je n’ai rien rencontré de dangereux. »

C’était gentil de ça part ? Il était difficile à cerner, honnêtement. Tifa prit alors la poignée de sa pinte de bière, se préparant à faire comme Gaston. Elle n’avait pas le choix. Bonne ou non, elle n’aurait qu’à l’engloutir sans même y penser. Tous les gens du village étaient sous sa protection, hm… Était-ce vrai ?

« C’est gentil, mais vous n’avez pas à vous en faire pour moi…. »

Et alors que son repas venait à peine d’être déposé sur le comptoir, devant elle, Tifa engouffra la pinte de bière aussi rapidement qu’il l’avait fait. Elle était très bonne, malheureusement, et la barmaid aurait tant aimé la déguster plus que ça. Elle s’essuya la bouche, déposant le verre devant elle avec un sourire.

« Je suis capable de me défendre. »

Encore ce regard, ce sourire fier qu’elle lui faisait. Est-ce qu’elle détruisait son monde, en ce moment ? Est-ce qu’il allait se fâcher ? Elle entendit une des trois jeunes femmes de tout à l’heure dire quelque chose, mais elle ne les écouta pas. Le cuissot de biche sentait extrêmement bon et elle se mit à manger, très doucement, savourant LENTEMENT son repas, puisqu’elle pouvait le faire.

Ses petites provocations commençaient à faire effet, qu’elle se disait. Son attitude avait changé un peu et il la fixait plus longtemps avant de se mettre à parler. Satisfaite, Tifa s’était mise à manger le cuissot de biche, très bien cuit. Il lui demanda si c’était bon et alors que la jeune femme levait les yeux de son assiette, s’apprêtant à hocher la tête, il continua tout de suite de parler et… oh ce qui sortit de sa bouche.

Si elle avait la malchance de tomber sur quelqu’un de dangereux… Costaud comme lui ? Tifa haussa un sourcil, s’arrêtant de manger. Elle le regarda, d’haut en bas, nullement impressionnée par sa carrure. Oui, bien sûr, il était musclé, mais ça ne voulait rien dire, très honnêtement. On avait qu’à regarder Tifa qui, bien qu’avec des muscles bien définis, pouvait soulever des armoires et des cadres immenses sans problème. C’était peut-être le pouvoir de l’anime, mais ça, personne ne le savait, même pas elle.

« Ah ouais, hein ? »

Les regards semblaient maintenant presque tous tournés vers Tifa et Gaston. N’y avait-il personne qui avait déjà défié cet homme ? Pas plus que ce que la barmaid venait de faire, en moins de 10 minutes, alors qu’elle venait à peine d’entrer dans la taverne ? Ça ne semblait pas être le cas. Eh bien, la belle brune allait montrer à quel point une ‘’faible femme’’ pouvait se défendre.

Doucement, la belle aux cheveux bruns se leva de son banc, poussa l’assiette de son repas sur le coté et y déposa son coude. Son regard se planta dans celui de Gaston. Son sourire provocateur et joueur revint s’étirer sur ses lèvres alors qu’elle s’adressa à lui.

« Alors que dirais-tu d’une petite partie de bras-de-fer ? Si tu es si fort que ça, tu n’auras aucun problème pour me battre, non ? »

Tifa devait admettre qu’elle était beaucoup plus forte qu’elle ne l’avait l’air, mais son commentaire avait simplement été très déplacé et, honnêtement, peut-être que s’il voyait que ce n’était pas toutes les femmes qui étaient sans défense… Alors peut-être qu’il serait plus sympathique et moins désagréable. Tifa avait complètement oublié la raison pourquoi elle était venue dans ce monde. Tout ce qui l’importait, maintenant, c’était de faire mordre la poussière à ce cher Gaston. Elle voulait le voir rouler par terre et être désolé.

Était-ce un peu enfantin de sa part ? Oui, probablement, mais il y avait quelque chose avec cet homme que Tifa n’arrivait pas à avaler. Quelque chose qui lui disait qu’il avait besoin d’une bonne fessée.

Tch. Il faisait son petit cirque, alors qu’elle était très prête à défoncer le bar avec son propre bras. Il allait apprendre à quel point il ne fallait pas mettre Tifa en colère. Surtout lorsqu’on croyait être le plus fort, physiquement, dans la pièce. Et alors qu’il s’exclamait, la belle brune ne faisait que le fixer de ses yeux bourgognes, très sérieuse. Depuis le début de la soirée, il avait été très désagréable. Bien qu’il ne devait pas penser ça. Un homme comme lui devait se dire qu’il était le meilleur du monde, qu’il ne faisait jamais rien de mal, hm ?...

Il pointa alors une table pour se mettre à leur petit bras-de-fer. Parfait, elle aurait une meilleure poigne. Il n’aurait pas l’avantage d’être plus haut qu’elle, en plus. Si ses muscles pouvaient lui dire quelque chose, c’était que Tifa allait devoir y mettre un peu de jus, quand même. Bien que ceux des autres mondes ne semblaient pas être très physiquement forts, elle pouvait être surprise… Et après l’avoir défié si ouvertement, Tifa ne pouvait perdre. Sinon, elle ne reviendrait plus jamais dans ce monde.

La jeune femme se redresse, faisant un petit sourire. Elle regard toujours ce Gaston de ses yeux lui perçant l’âme.

« Alors qu’est-ce qu’on attend ? »

Elle tourne les talons, sa longue chevelure brune volant derrière elle avec ce soudain 180 degré. Sous les yeux de tous les clients de la taverne, elle se dirige vers une table ou elle pousse doucement la chaise sur le coté pour pouvoir se mettre debout face à celle-ci. Elle s’étire les muscles des bras, sentant quelques coutures se défaire à la hauteur de ses épaules, mais elle s’en foutait. Elle était prête à écraser cet homme malsain dans sa propre taverne. Tifa lève les bras vers le ciel, s’étirant au maximum, avant de faire quelques exercices rapides. Elle se craque le cou, les phalanges et BAM. Le coude de la belle brune s’écrase contre la table, attendant patiemment que Gaston la rejoigne.

Son cœur battait fort. Elle avait horreur d’être le centre de l’attention, mais il y avait des situations auxquelles elle ne pouvait s’empêcher d’intervenir. Elle n’était pas du genre à endurer les conneries misogynes d’un homme qui se pensait plus fort qu’elle.

Et elle le regarde venir jusqu’à la table, ne bougeant pas. Plus il faisait le débile et son petit numéro avant qu’elle ne l’écrase, plus ça allait lui faire mal.

Eh voilà, tout se préparait. Tifa allait pouvoir prouver qu’elle n’était pas faible, qu’elle était capable de se défendre. Que même un ‘’homme fort’’ ne pouvait rien contre elle, physiquement. De ce qu’elle savait, la barmaid était la personne la plus forte qu’elle connaissait, même si elle n’aimait pas trop l’admettre. Lorsque ça en venait à la force brute, en tout cas. La jeune femme se retint de rouler les yeux alors que Gaston faisait son petit numéro.

Très sérieuse, elle ne fait que le fixer, dans les yeux. Elle écoute à peine ses insultes, comme s’il allait finir ce combat de bras de fer en une seconde. C’est à ça qu’il s’attendait, bien évidemment, mais il allait avoir une mauvaise surprise. Et Tifa agrippe la main de Gaston, fermement, se positionnant correctement. Elle prend une grande respiration, toujours sans quitter son regard de ses yeux rougeâtre.

À 3, la belle brune contracta ses muscles, commençant par résister à l’assaut du patron de la taverne. C’était bien ce qu’elle pensait. Elle devait avouer, par contre, qu’il fallait qu’elle force pour tenir au même endroit. Mais dans quelques secondes, ce serait fini. C’est alors qu’elle se mit à appliquer de plus en plus de force et… Elle gagnait un centimètre. Tifa pu voir le visage horrifié de Gaston une demi-seconde avant que son bras ne… Lâche complètement ? Avec un sursaut, Tifa ouvrit grand les yeux quand le gros bras du patron s’abattit sur la table.

Mais elle n’avait pas gagné. Il avait tout simplement abandonné? Extrêmement confuse par rapport à la situation, la jeune femme cligne des yeux, quelques fois, tous le regardant.

Et puis il les dit. Les mots qui firent fumer de rage la brunette. ‘’Je lui offre cette victoire’’…………. Quoi ? Offre ? Il lui OFFRE ? Tous applaudirent la ‘’victoire’’ de Tifa, mais cette dernière n’aurait pas pu être plus insultée. Cet homme était encore pire qu’elle ne l’avait pensé. En plus d’être juste désagréable, il croyait vraiment qu’il lui faisait plaisir en la ‘’laissant gagner’’ ?!

…

La main de Gaston se tend vers elle pour que Tifa la serre. Comme s’ils avaient eu un bon combat, comme si LUI il était de bonne foi. Et Tifa sourit. Elle lui sourit et prend sa main dans la sienne pour la serrer.

Et elle la serre, très, TRÈS fort. Du plus fort qu’elle le peut. La belle brune bouillonne de rage à l’intérieur et elle se sentait extrêmement humiliée par cette connerie. Alors oui, elle la serre. Elle écrase sa main. Elle peut sentir les os à l’intérieur de celle-ci qui se déplacent sous la pression de la belle.

Et dans un élan de rage, Tifa se retourne, tenant toujours la main de Gaston très fermement, et le lance de toutes ses forces vers le mur, le passant au-dessus de son épaule. Il va s’écraser à toute vitesse dans la peinture au-dessus du foyer dans un cri commun des clients de la taverne, puis un silence. Un long silence.

Les regards se tournent lentement vers l’inconnue, elle-même horrifiée par ce qu’elle venait de faire. Rapidement, elle cherche dans sa bourse pour jeter une poignée de pièces d’or pour payer pour ce qu’elle avait pris ce soir. Puis, d’un pas rapide, la tête baissée, elle s’enfuit de la taverne.

Et lorsqu’elle arrive devant la statue du propriétaire qui semblait elle-même la narguer, Tifa ne pu s’empêcher de lui donner un coup de pied, la faisant s’écrouler en quelques gros morceaux sur le sol. Plus jamais elle ne remettrait les pieds ici. Plus jamais elle n’irait ici. Plus jamais.

Elle avait l’impression que Bolga allait être fière d’elle, pour une raison quelconque…